Mathis a perdu son pied gauche et des phalanges in utero. Mais ce collégien intrépide et bien dans sa peau sait mieux que personne faire un pied de nez à son handicap en faisant du hip-hop sa passion.
Une anomalie congénitale rare mais un mental fort
C’est pendant sa grossesse que la maman de Mathis apprend la terrible nouvelle : son bébé souffre de la maladie des brides amniotiques. Des fibres de bandes amniotiques ont en effet « piégé » son enfant in utero : Mathis naîtra amputé de son pied gauche et de phalanges. La stupeur et l’abattement du début fait très vite place, pour la jeune femme, à une détermination sans faille. Faire tout ce qu’il faut pour que Mathis puisse vivre sa vie du mieux possible avec son handicap, tels sont l’objectif et la philosophie de vie de la maman de Mathis. Très tôt, l’enfant a été équipé d’une prothèse de jambe et a appris à marcher avec elle à l’âge de 13 mois. Le garçon, vif et dynamique, a hérité lui aussi d’un mental de battant : c’est vers le sport qu’il se tourne très rapidement, prothèse de jambe ou pas.
Des prothèses de jambe mises à rude épreuve
Mathis apprend très vite à faire du vélo comme n’importe quel garçon de son âge. Au début, bien sûr, les chutes se sont succédé. Mais ce serait mal connaître Mathis que de croire que cela l’aurait refroidi. Au contraire, il redouble d’efforts pour se surpasser, roule comme un as et rajoute même des figures acrobatiques, sous l’oeil fier et un peu inquiet de sa maman. Dauphin d’or en natation, Mathis a su faire face très jeune au regard des autres, notamment à la piscine où bien sûr il est en maillot et doit retirer sa prothèse. Aux questions qui lui sont posées, il explique, tout simplement, et ses copains ne font pas grand cas de son handicap : il est Mathis, leur pote, et c’est tout. Très sportif, le jeune homme met son matériel prothétique à rude épreuve afin de pouvoir être aussi mobile que les autres. La découverte du hip-hop, vers l’âge de 7 ans, va être pour lui une révélation et un nouveau stade dans son appareillage.
Avec A.C.M.T.O., Mathis trouve la prothèse de jambe et l’accompagnement qu’il lui fallait
Pour correspondre à la vitalité et au besoin de se dépenser de Mathis, une prise en charge spécifique devait être mise en place. Avant d’arriver chez A.C.M.T.O., le jeune homme avait bien sûr eu d’autres prothèses de jambes : mouvements limités, douleurs, eczéma, aucune n’était idéale. « Mathis a été vu par Christophe et Alexandre », se souvient sa maman, « et ils ont tout de suite dit que ce n’était pas normal d’avoir mal ou qu’il fallait attendre et s’habituer. Trois rendez-vous ont été nécessaires pour adapter la nouvelle prothèse de jambe, et Mathis n’a plus de douleur ni de souci de peau, et son nouveau matériel est bien plus résistant, ce qui est important notamment dans le cadre du hip-hop ».
En effet, le hip-hop, pratiqué assidûment par Mathis, impose des mouvements qui ne sont pas simples à réaliser avec une prothèse de jambe, comme par exemple plier un genou tout en tendant l’autre jambe, ou même s’accroupir. Christophe et Alexandre ont alors adapté la taille du manchon pour permettre à Mathis de réaliser toutes les figures qu’il souhaite, ou presque. « Ils se sont investis et se sont mis à la place de Mathis, et cette écoute-là, on ne l’avait pas avant », explique sa maman.
De la même manière, la prothèse, très sollicitée, devait être extrêmement robuste. « Pour Mathis, on a choisi un pied en carbone à restitution d’énergie qui permet la pratique sportive. Les pieds sont catégorisés en fonction du poids du patient : comme Mathis a une forte activité physique, nous avons décidé de passer une catégorie au-dessus de ce qui est recommandé afin d’éviter la casse du pied », explique Christophe. Invité à faire une petite démonstration de hip-hop, Mathis ne se fait pas prier : son sourire et les yeux brillants de sa maman sont les plus belles des satisfactions pour le travail d’Alexandre et de Christophe.